Quand les morts révèlent leurs secrets – Les nouvelles méthodes d’investigation en médecine légale

Quand les morts révèlent leurs secrets – Les nouvelles méthodes d’investigation en médecine légale

Dans le cadre du cycle « Voir l’invisible »

Quand on pense à la médecine légale, on pense souvent à des personnages sombres, travaillant dans les morgues, découpant des corps seuls et dans une ambiance glauque ; ou alors on pense à des experts qui se promènent en costume chic sur une scène de crime comme dans les séries américaines. Peu de gens connaissent la réalité de la médecine légale en Suisse, ni même la formation nécessaire pour effectuer ce métier.

En réalité, les médecins légistes sont bel et bien de vrais médecins qui ont choisi cette spécialisation après leurs études de médecine. Après au moins six ans de formation et un examen final, le titre de « spécialiste en médecine légale FMH » peut être obtenu.

Les activités principales du médecin légiste sont divisées en deux parties : La médecine légale clinique, c’est-à-dire l’examen de personnes vivantes qui sont devenues victimes ou agresseurs lors d’un acte criminel et souvent violent, et la thanatologie, aussi appelée la pathologie forensique.

Pour examiner une personne décédée, le médecin légiste dispose de multiples outils lui permettant de révéler des secrets. A l’autopsie classique s’ajoutent des examens microscopiques des tissus prélevés (histologie), les analyses de toxicologie forensique pour la recherche de drogues, médicaments ou autres substances ayant pu jouer un rôle dans le décès, les analyses de microbiologie qui permettent de trouver des organismes tels que des bactéries ou virus pouvant être à l’origine de maladies, l’analyse chimique des prélèvements – qui détecte par exemple des troubles du métabolisme – et les analyses génétiques – qui peuvent révéler des maladies héréditaires. Depuis une dizaine d’années, s’est ajouté l’imagerie forensique, dont la Suisse est considérée aujourd’hui comme leader mondial.

L’imagerie forensique utilise principalement des techniques modernes de radiologie pour visualiser l’intérieur d’un corps avant même de l’ouvrir. Grâce au CT-scanner (Computed Tomography), un corps humain peut être digitalisé en quelques minutes et donner d’une part un premier aperçu de son état interne et, d’autre part, permettre de digitaliser le « body of proof » qui est en effet la preuve principale lors d’un crime. Une méthode particulièrement puissante est l’angiographie post-mortem, à savoir la visualisation des vaisseaux sanguins. Grâce à une technologie développée au Centre Universitaire Romand de Médecine Légale (CURML), il est possible de visualiser la lumière des vaisseaux de manière détaillée, ce qui permet d’effectuer des diagnostics vasculaires, impossible à détecter lors d’une autopsie conventionnelle. Cette technique permet en effet de rétablir une circulation vasculaire chez une personne décédée grâce à la perfusion d’un mélange de liquide huileux visible au CT-scan, via une pompe à perfusion qui remplace le cœur du défunt. Une fois cette circulation établie, le corps « montre » immédiatement où se trouve un problème, tel que la rupture d’un vaisseau ayant créé une hémorragie ou l’occlusion d’un vaisseau ayant par exemple créé un infarctus. Cette technique révolutionnaire s’est révélée être plus puissante que l’autopsie pour l’investigation des morts violentes dans une étude internationale, multicentrique récemment publiée.

Mais l’imagerie forensique ne se limite pas uniquement à la digitalisation du corps. Aujourd’hui, des objets suspectés d’avoir joué un rôle dans un crime sont scannés grâce à des scanners 3D, technologie provenant de l’industrie automobile et des jeux vidéo. Ces scanners – qui travaillent essentiellement avec des lumières structurées – permettent de digitaliser la surface du corps, y compris des lésions présentes sur le corps, ainsi que l’arme suspectée d’avoir créé ces lésions. Les modèles 3D obtenus peuvent donc être comparés entre eux pour identifier l’arme de crime, même longtemps après que le corps ait été incinéré, ou des lésions sur une personne vivante, déjà guérie. Grâce à des lasers scanners, toute la scène de crime peut être documentée digitalement ce qui permet aux experts et au procureur de se promener virtuellement sur une scène de crime pour voir comment elle se présentait. Grâce à cette technologie, il est aujourd’hui possible de reconstruire des évènements complexes tels que des tirs d’armes à feu ou des accidents de la route.

Toutes ces nouvelles technologies ont beaucoup changé le travail quotidien, et également la formation, des médecins légistes en Suisse. Elles ont augmenté la qualité de l’examen des corps et font de la médecine légale suisse une médecine de pointe qui rendrait jaloux les experts des séries télévisées.


A propos du conférencier

Silke Grabherr

Silke Grabherr

Directrice du Centre Universitaire Romand de Médecine Légale
Après des études de médecine en Autriche, Silke Grabherr obtient, en 2004, son doc­torat à l’Institut de médecine forensique de l’Université de Berne pour un... Lire la suite
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