L’animal sauvage : massacre et protection (XIIe-XXe s.)
Dans le cadre du cycle « Ecologie »
Longtemps, « l’animal sauvage » fut défini au travers des chasses, pratique courante, mais codifiée : une bête qui dérangeait ou menaçait les hommes sans appartenir à qui que ce soit. La législation révolutionnaire unifia le droit de chasse sans changer le statut du « gibier ». La protection l’ignorait donc : elle concernait les personnes, familles, propriétés et revenus. Ainsi, supprimer le « sauvage », c’était défendre les parents et les voisins.
Pourtant, quand l’éradication devint impossible ou dommageable, les spécialistes contestèrent le système. Ils voulurent préserver les « utiles » et les importer s’ils n’existaient plus. Encore fallait-il déterminer leur utilité et leur dynamique des nouveaux venus, d’autant que l’adaptation au milieu, l’acceptabilité des gens demeuraient inconnues. La population refusant souvent introduction ou réintroduction, la réussite était incertaine…
Les espèces « féroces » disparues, comment justifier la chasse ? Les espèces cuisinées et appréciées y suffiraient-elles ? Naguère, leur capture et leur mise à mort tenait à l’intérêt de la chair, du poil, de la plume. Les règles étaient strictes en matière de consommation, normes religieuses, et d’utilisation, normes sociétales. Il en reste des traces. A cela s’ajoute l’apport du XXIe siècle, respectueux du bien-être animal.
Voilà qui remet en cause sinon les chasses de tradition (vénerie, piégeage), du moins la tradition des chasses : elle l’est déjà dans les cantons suisses les plus peuplés.
A propos du conférencier
Andrée CORVOL DESSERT
Directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) depuis 1985, Andrée CORVOL a fondé le Groupe d’histoire des forêts françaises (GHFF). Dans... Lire la suite